Il est intéressant d’étudier le lien entre la pratique d’activité physique et le maintien des fonctions cognitives. De façon générale, il est observé que plus on avance dans notre vie, plus nos fonctions cognitives sont à même de décliner. Mais les personnes qui pratiquent une activité physique régulière et des activités impliquant un effort cognitif (casse-têtes, mots croisés, défis de mémoire, faire deux choses en même temps), maintiennent mieux ces fonctions cognitives avec l’âge. Le corps et le cerveau travaillent en équipe.

Il a notamment été observé que les aînés qui pratiquent une activité aérobie régulière, c’est-à-dire une activité qui rend un peu essoufflé, diminuaient de près de 20% le risque de décliner cognitivement, dans les six années à venir. De plus, pratiquer des activités nécessitant un défi cognitif quotidiennement permettrait de réduire par cinq le risque de développer la maladie d’Alzheimer. (Casaletto et al., 2020)

Le cerveau, un organe essentiel et complexe

Le cerveau est un organe essentiel pour notre corps. Il est constitué de différentes régions qui ont chacune un rôle à jouer. Les messages du cerveau sont transmis à la partie du corps concernée grâce à son réseau nerveux incroyable constitué de milliards de fibres. Ses fonctions sont multiples.

Le cerveau contrôle :
– les muscles
– les tissus
– les organes du corps
– les mouvements
– les sens
– les fonctions plus automatiques du corps comme le rythme respiratoire, le flux sanguin ou encore la température corporelle.

Le cerveau est également essentiel dans la gestion des émotions, de la mémoire, et des comportements sociaux, entre autres.

Les fonctions cognitives, différentes facettes de la pensée humaine

Les fonctions cognitives sont indispensables au quotidien. Elles sont orchestrées par le cerveau. Elles englobent tout ce qui se rapporte à la connaissance et nous permettent notamment de communiquer, d’apprendre, de percevoir notre environnement.

Les fonctions cognitives regroupent de nombreux champs :
l’attention : le fait d’être vigilant à son environnement, de pouvoir se concentrer sur une tâche, ou même plusieurs tâches simultanées.
la mémoire : elle peut être rétrospective (évènement passé, le souvenir des gâteaux de ma grand-mère), prospective (évènement à venir, ne pas oublier d’acheter du pain en rentrant), procédurale (je me souviens très bien comment changer le pneu d’une voiture!), sémantique (la date de la découverte de l’Amérique par Colomb m’échappe…), ou encore la mémoire de travail, soit traiter et manipuler des données pour les utiliser sur le moment (retenir un numéro de téléphone le temps de l’écrire).
le langage : oral ou écrit, il se décompose en plusieurs étapes. Formuler le message et l’envoyer, ou bien le recevoir et l’interpréter.
les fonctions visuo-spatiales : elles permettent de percevoir adéquatement les objets dans l’espace, de se repérer, s’orienter, d’évaluer des distances, par exemple.
la vitesse de traitement : parmi tous ces messages qui se rendent au cerveau, chaque opération mentale est initiée, puis exécutée à un certain rythme. Je vois un objet tomber, je dis à mon cerveau de tendre mon bras pour le rattraper, et l’opération est initiée et réalisée si vite que j’ai pu le rattraper avant qu’il ne touche le sol. Ou bien au contraire, j’ai l’impression qu’entre le moment où je demande à mon corps de marcher, et celui où j’arrive enfin à amorcer le premier pas, il se passe une éternité …
les fonctions exécutives : elles permettent de planifier (une stratégie efficace pour réaliser une action), d’inhiber (résister aux distractions), d’être flexible mentalement (en s’adaptant aux changements), de juger (en évaluant la meilleure alternative dans une situation donnée), et finalement de faire sens d’autocritique (donc être à même d’évaluer ses capacités, comportements et difficultés).

L’activité physique permet de nourrir le cerveau, tout simplement

Le cerveau se nourrit de sucre, d’oxygène et de nutriments, qui sont apportés par le sang. Le sang irrigue les réseaux de neurones et les entretient. Lorsqu’on bouge, le flux de sang est plus important au niveau du cerveau. Il est donc mieux alimenté. Un cerveau bien alimenté est un cerveau qui fonctionne mieux.

La pratique de l’activité physique peut même influencer le volume de certaines zones du cerveau (Meng, Lin, & Tzeng, 2020). Chaque zone du cerveau a un rôle bien déterminé. L’hippocampe, par exemple, joue un rôle important dans la mémoire, l’inhibition, et les fonctions visuo-spatiales. Un hippocampe plus volumineux sera plus efficace pour accomplir les tâches cognitives dont il est responsable.

Bouger permet de maintenir le corps en bonne condition, et particulièrement le cerveau !

Le choix de l’activité physique idéale pour un maintien des fonctions cognitives

La pratique de l’activité physique est un vaste domaine. On peut s’entraîner de bien des manières différentes, dépendamment de l’objectif recherché. La durée et l’intensité sont des facteurs importants à considérer.

Une étude a suivi des femmes durant 8 ans, qui rapportaient leurs périodes de marche quotidiennes. Les femmes qui marchaient au moins 1,5 km par jour avaient 15% moins de chance de décliner cognitivement. (Yaffe, Barnes, Nevitt, Lui, & Covinsky, 2001).

Une autre étude s’est intéressée aux effets de l’activité physique aérobie sur les troubles neurologiques, et particulièrement la maladie d’Alzheimer (Barnes, 2015). L’activité physique aérobie se définit par le fait d’utiliser de l’oxygène pour créer de l’énergie, en allant au-delà des stocks d’énergie qu’on a en réserve. Ce sont donc des activités de plus longue durée, mais à intensité modérée, éventuellement faible. Les résultats de l’étude suggèrent que les bénéfices de l’activité physique aérobie sur la maladie d’Alzheimer sont liés à la redistribution du flux sanguin riche dans le cerveau, ainsi qu’à l’activité des neurones dans les régions du cerveau habituellement moins sollicitées et atteintes par la maladie d’Alzheimer.

Finalement, certains scientifiques se sont intéressés à l’effet d’un entraînement en résistance et en équilibre sur les fonctions cognitives (Eckardt, Braun, & Kibele, 2020). L’un des groupes de recherche s’entraînait en résistance, sur des appareils, et l’autre groupe s’entraînait également en résistance, mais sans charge sur des surfaces instables (squats sur Bosu, fentes sur des blocs de mousse). Après s’être entraînés deux jours par semaine durant 10 semaines, ils ont repassé les tests réalisés au début de l’étude, évaluant : la mémoire de travail, la vitesse de traitement, l’inhibition des réponses et la flexibilité cognitive. Le groupe qui s’était entraîné en résistance instable s’était amélioré de manière significative dans les 3 premiers tests, contrairement au groupe de résistance stable. Ce type d’activité physique influencerait le système nerveux à différents niveaux, comme la neuro-plasticité et les neurotrophines.

Toutes ces études confirment qu’il est important d’entraîner son corps et son cerveau en choisissant une activité physique appropriée. Que ce soit un entraînement en résistance ou une activité physique aérobie, il y aura des bienfaits pour votre cerveau. Idéalement, il faut miser sur une combinaison de ces différents modes d’entraînement et surtout, en faire une habitude quotidienne!

Références:

Barnes, J. N. (2015). Exercise, cognitive function, and aging. Advances in Physiology Education, 39(2), 55-62. doi:10.1152/advan.00101.2014
Casaletto, K. B., Rentería, M. A., Pa, J., Tom, S. E., Harrati, A., Armstrong, N. M., . . . Zahodne, L. B. (2020). Late-Life Physical and Cognitive Activities Independently Contribute to Brain and Cognitive Resilience. J Alzheimers Dis, 74(1), 363-376. doi:10.3233/jad-191114
Eckardt, N., Braun, C., & Kibele, A. (2020). Instability Resistance Training improves Working Memory, Processing Speed and Response Inhibition in Healthy Older Adults: A Double-Blinded Randomised Controlled Trial. Scientific Reports, 10(1), 2506. doi:10.1038/s41598-020-59105-0
Meng, Q., Lin, M. S., & Tzeng, I. S. (2020). Relationship Between Exercise and Alzheimer’s Disease: A Narrative Literature Review. Front Neurosci, 14, 131. doi:10.3389/fnins.2020.00131
Yaffe, K., Barnes, D., Nevitt, M., Lui, L.-Y., & Covinsky, K. (2001). A Prospective Study of Physical Activity and Cognitive Decline in Elderly Women: Women Who Walk. Archives of Internal Medicine, 161(14), 1703-1708. doi:10.1001/archinte.161.14.1703

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