L’impact de l’activité physique sur la trajectoire de la maladie de Parkinson

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Avez-vous déjà entendu l’expression « exercise as medicine », souvent traduite par « l’exercice comme médicament » ? Pour les kinésiologues, cette idée va de soi. Dans le contexte de la maladie de Parkinson (MP), elle dépasse toutefois la simple philosophie : les données scientifiques soutiennent de plus en plus clairement le rôle structurant de l’activité physique dans l’évolution de la maladie. [1]

Un trouble dégénératif

La maladie de Parkinson est un trouble neurodégénératif caractérisé par la dégénérescence progressive des neurones dopaminergiques. Cette perte entraîne l’apparition de symptômes moteurs — lenteur, raideur, tremblements — ainsi que de symptômes non moteurs, tels que des difficultés de planification du mouvement, de concentration ou une fatigue marquée.

L’évolution de la maladie varie considérablement d’une personne à l’autre et ne suit pas une trajectoire linéaire. Avec le temps, des activités auparavant simples peuvent devenir plus exigeantes, voire difficiles à réaliser, selon la progression des atteintes.

Une progression variable

Recevoir un diagnostic de maladie dégénérative est souvent vécu comme un choc. Cette réaction est compréhensible, mais la recherche nuance fortement cette perception. Plusieurs études longitudinales, menées sur des périodes allant de 3 à 10 ans, montrent que les personnes vivant avec la MP et demeurant physiquement actives présentent une progression plus lente des symptômes que celles ayant un mode de vie sédentaire.

Au-delà des effets immédiats de l’activité physique comme l’amélioration du bien-être, la diminution des douleurs et les effets positifs sur l’humeur, celle-ci semble influencer la trajectoire de la maladie à long terme.[4]

Les bénéfices sont particulièrement marqués sur les symptômes moteurs, avec une amélioration des scores à l’UPDRS, l’outil de référence pour l’évaluation de la MP [2]. De façon plus globale, les capacités fonctionnelles, notamment l’équilibre, la vitesse de marche et l’endurance, tendent à être mieux préservées chez les personnes actives malgré l’évolution de la maladie [5].

À long terme, cette préservation se traduit concrètement par davantage d’années de vie autonome. La MP demeure une condition variable et individuelle, mais prise en charge tôt, elle est loin d’être une trajectoire immuable.

Les paramètres d’exercices les plus efficaces

Toutes les formes d’activité physique n’ont pas le même impact. La littérature scientifique met en évidence certains paramètres clés associés à de meilleurs effets sur l’évolution de la MP.

  1. L’intensité : Les bénéfices semblent plus marqués lorsque l’activité est pratiquée à une intensité modérée à vigoureuse, soit environ 60 à 80 % de la fréquence cardiaque maximale estimée. Une intensité suffisante est un élément central pour influencer les symptômes moteurs.
  2. Les types d’exercices : Les exercices aérobie facilitent l’atteinte de ces intensités. Toutefois, les programmes multimodaux combinant aérobie, renforcement musculaire et travail de la stabilité sont particulièrement efficaces pour maintenir et améliorer les capacités fonctionnelles à long terme.
  3. La fréquence : La régularité est déterminante. Pour obtenir des effets durables, l’activité physique doit s’inscrire dans les habitudes de vie, à raison de 3 à 5 séances par semaine. La constance prime sur la performance ponctuelle.

Comment l’exercice agit-il ?

La dégénérescence des neurones dopaminergiques n’abolit pas la capacité du cerveau à s’adapter. La neuroplasticité demeure active tout au long de l’évolution de la MP. L’activité physique agit comme un puissant stimulant de cette plasticité, en renforçant les réseaux neuronaux existants et en contribuant au maintien des patrons moteurs plus longtemps.

L’exercice est également associé à une augmentation de la libération de neurotransmetteurs et d’hormones liées au bien-être, incluant la dopamine, ce qui peut faciliter la communication neuronale à court terme.

Enfin, certaines études animales suggèrent un effet neuroprotecteur de l’activité physique sur les neurones dopaminergiques. Bien que ces résultats restent à confirmer chez l’humain, ils ouvrent des pistes prometteuses pour la recherche future.

Conseils du kinésiologue

  1. Agir tôt : Plus l’activité physique est intégrée rapidement après le diagnostic, plus son potentiel d’influence sur la trajectoire de la maladie est important.
  2. Traiter l’activité physique comme un traitement à part entière : Planifier ses séances avec la même rigueur que la prise de médicaments. Lorsqu’une séance est prévue, elle fait partie intégrante du traitement et mérite d’être priorisée, tout en restant à l’écoute de ses besoins et de sa condition du moment.
  3. Progresser graduellement : Chez les personnes sédentaires ou peu actives, une progression graduelle est essentielle. Augmenter trop rapidement l’intensité ou le volume peut entraîner des effets indésirables, surtout en présence de comorbidités comme l’hypertension ou le diabète.
  4. Se faire évaluer : Une évaluation de la condition physique et des capacités fonctionnelles par un·e kinésiologue permet d’identifier les forces et les limites, et de bâtir un plan d’intervention personnalisé, sécuritaire et évolutif.

Références

  1. Hu, Y.-C., Shih, F., Keener, A. M., Bronstein, J. M., & Ritz, B. R. (2024). Lifetime physical activity influences Parkinson’s disease progression. Parkinsonism & Related Disorders.
  2. Langeskov-Christensen, M., et al. (2024). Exercise as medicine in Parkinson’s disease. Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry.
  3. Li, J. A., et al. (2023). Does Exercise Attenuate Disease Progression in People With Parkinson’s Disease? A Systematic Review With Meta-Analyses. Neurorehabilitation and Neural Repair.
  4. Miller, S. A., et al. (2019). Rate of Progression in Activity and Participation Outcomes in Exercisers with Parkinson’s Disease: A Five-Year Prospective Longitudinal Study. Parkinson’s Disease, 2019.
  5. Zhen, K., et al. (2022). A systematic review and meta-analysis on effects of aerobic exercise in people with Parkinson’s disease. npj Parkinson’s Disease, doi:10.1038/s41531-022-00418-4.

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