Une occasion à saisir avant l’intervention
Et si la période précédant une chirurgie devenait une occasion à saisir plutôt qu’une attente passive? C’est ce que propose la préparation préopératoire, ou préadaptation, une approche qui vise à renforcer les capacités fonctionnelles et physiologiques des patients en amont d’une intervention. Comme lorsqu’on s’échauffe avant un effort, la préadaptation améliore la résilience face au stress chirurgical et favorise une récupération optimale. Elle représente un levier potentiel pour réduire les taux de morbidité et de mortalité, de même que la durée d’hospitalisation, en particulier chez les patients les plus vulnérables.
Des complications fréquentes, mais évitables
Les complications postopératoires sont nombreuses et peuvent toucher différents systèmes. Sur le plan pulmonaire, il existe par exemple des risques d’embolie pulmonaire ainsi que d’infections respiratoires comme la pneumonie. Sur le plan cardiovasculaire, les interventions chirurgicales peuvent déclencher des arythmies cardiaques, ou même, dans certains cas, des accidents vasculaires cérébraux (AVC). D’un point de vue infectieux, l’utilisation de dispositifs médicaux comme les sondes urinaires, les ventilateurs et les cathéters intraveineux augmente les risques de contracter des infections.
Chez les patients de 65 ans et plus qui présentent un mauvais état de santé préopératoire, on peut observer un déclin fonctionnel allant jusqu’à 40 % après une chirurgie majeure. De plus, chez les patients fragiles (présentant notamment une faiblesse musculaire, une dénutrition et une lenteur de marche), les conséquences des complications postopératoires peuvent aller jusqu’à compromettre un retour à domicile sécuritaire [1].
Une approche globale, pas seulement physique
Dans ce contexte, la préadaptation ne vise pas uniquement à améliorer la force physique, mais aussi à soutenir la santé mentale, nutritionnelle et cognitive afin de réduire la vulnérabilité face aux complications postopératoires. Elle s’inscrit dans une logique de soins globaux, centrés sur la personne.
Concrètement, un programme de préadaptation peut inclure :
- des exercices cardiovasculaires et de renforcement musculaire (sans oublier les muscles respiratoires) ;
- des interventions nutritionnelles ciblées ;
- un soutien psychosocial pour favoriser l’adhérence et la confiance.
Une intervention personnalisée et flexible
La durée optimale de la préadaptation doit encore faire l’objet de plus d’études, mais la littérature suggère un minimum de quatre à 6 semaines pour en maximiser les bienfaits [2] . L’approche multimodale et personnalisée — en fonction du type de chirurgie et de l’état de santé du patient — semble la plus prometteuse.
Cependant, son intégration dans les parcours de soins présente des défis. L’adhérence aux programmes peut être variable, et les principales barrières sont l’accès limité aux services et le manque d’encadrement. À la lumière des connaissances actuelles, les interventions les plus efficaces sont supervisées ou hybrides (supervision + autonomie), et adaptées aux besoins de la personne. Les séances offertes à domicile, par vidéoconférence ou même par téléphone, peuvent contribuer à lever plusieurs de ces obstacles [3].
Se préparer, c’est déjà guérir
En somme, la préadaptation représente une stratégie prometteuse. En améliorant la condition physique et psychologique avant une chirurgie, on augmente non seulement les chances de succès opératoire, mais on réduit aussi les complications évitables. Il est temps d’envisager la préadaptation comme une composante incontournable des soins périopératoires, soutenue par une volonté collective de structurer et de personnaliser ces programmes. Préparer le corps à l’épreuve chirurgicale, c’est miser sur une convalescence plus rapide et plus sereine.
Discutez avec un kinésiologue dès maintenant
Vous ou un de vos proches devez subir une chirurgie? Un kinésiologue peut vous accompagner dans une démarche de préadaptation personnalisée, adaptée à votre état de santé et à vos capacités.
Prenez contact avec notre équipe pour discuter de vos besoins et amorcer une préparation optimale — physique, mentale et fonctionnelle — en vue de votre intervention.
- Soares, M.R., E. Mahanna Gabrielli, and E.C. Manjarrez, The Geriatric Patient: Frailty, Prehabilitation, and Postoperative Delirium. Med Clin North Am, 2024. 108(6): p. 1101-1117.
- Punnoose, A., et al., Prehabilitation for Patients Undergoing Orthopedic Surgery: A Systematic Review and Meta-analysis. JAMA Netw Open, 2023. 6(4): p. e238050.
- Toohey, K., et al., A systematic review of multimodal prehabilitation in breast cancer. Breast Cancer Res Treat, 2023. 197(1): p. 1-37.
Commentaires