Êtes-vous à risque de démence?
La réponse est oui. Plus vous avancez en âge, plus vous l’êtes. Mais, plus vous avez de bonnes habitudes de vie, plus vous réduisez ce risque. Selon un groupe de chercheurs réunis dans le cadre d’une commission sur la prévention de la démence, l’intervention et les soins aux personnes atteintes, un tiers des cas de démence pourraient être évités. Cela représente plusieurs millions de personnes dans le monde puisque, en 2015, on estimait que 47 millions d’individus étaient atteints, et que ce nombre allait en augmentant en raison du vieillissement de la population. Ce sont surtout les personnes âgées qui en sont affectées; de tous les cas de démence, 80% se retrouvent chez les 75 ans et plus.
Bien que l’avancée en âge soit le facteur de risque le plus important, il n’est pas le seul. Évidemment, on ne peut agir sur l’âge, mais on peut certainement le faire sur les facteurs que l’on dit « modifiables ». Rassemblant les preuves scientifiques disponibles à ce jour, les chercheurs ont identifié neuf facteurs qui augmentent les risques de développer la démence. Les voici :
- Un faible niveau d’éducation
- La perte d’audition
- L’hypertension
- L’obésité
- Le tabagisme
- La dépression
- L’inactivité physique
- L’isolement social
- Le diabète
Mais pourquoi ces facteurs augmentent-ils le risque de démence? Parce qu’ils placent le cerveau dans une situation de vulnérabilité.
Stratégies de prévention
Voyons les choses inversement. Un cerveau en santé est plus résilient lorsqu’il est confronté au vieillissement et à la maladie. Concrètement, cela signifie qu’un cerveau qui a une plus grande réserve cognitive, qui est moins endommagé et qui a subi moins d’inflammation aura une plus grande capacité à s’adapter à la présence d’une maladie telle que l’Alzheimer. La maladie ne pourra peut-être pas être évitée, mais la démence qui y est associée pourrait l’être, ou du moins son apparition pourrait être retardée.
Le mécanisme est le suivant. Chacun des neuf facteurs de risques cités ci-haut agissent de façon à rendre plus vulnérable le cerveau. Par exemple, le tabagisme, l’obésité, l’hypertension et le diabète induisent des dommages au cerveau (stress oxydatif, inflammation) qui ne sont parfois pas palpables jusqu’à ce que l’organisme subisse un stress (l’apparition d’une maladie, par exemple). Inversement, l’éducation, le réseau social et une bonne audition sont associés à une plus grande réserve cognitive. Ainsi, le cerveau peut subir davantage de stress avant que ses réserves soient réduites au point de mener à la démence. Le mécanisme est le même pour le diabète et l’hypertension. Lorsque ces maladies sont absentes, ou du moins contrôlées, les dommages au cerveau sont réduits.
Du point de vue de la kinésiologie, ce qui ressort de l’article publié par ces chercheurs, c’est l’apport important, voire central, de l’activité physique dans la protection des structures cérébrales. En effet, l’activité physique s’avère une stratégie de prévention efficace puisqu’elle agit sur l’augmentation de la réserve cognitive ainsi que sur la réduction des dommages et de l’inflammation au cerveau. Le simple fait d’être actif physiquement réduit les risques de démence.
La démence, c’est quoi?
La démence n’est pas une maladie, mais plutôt un syndrome. Elle se caractérise par un déclin cognitif significatif menant à une grande difficulté ou une incapacité à accomplir les activités de la vie quotidienne. Concrètement, elle se manifeste par une baisse de performance dans plusieurs sphères cognitives, par exemple des pertes de mémoire, un manque d’attention, des difficultés à planifier et exécuter des actions, des problèmes de langage et un fonctionnement social altéré. La démence est causée par une maladie, elle en résulte, elle n’apparaît pas soudainement d’elle-même. La maladie d’Alzheimer est la cause la plus commune de démence, mais elle n’est pas la seule. On retrouve également la démence à corps de Lewy, celle fronto-temporale, celle due à une maladie (Parkinson ou Huntington, par exemple) ainsi que la démence vasculaire.
La démence apparaît en phase terminale d’un processus pathologique. Bien que la science ne puisse, à ce jour, confirmer que l’adoption de saines habitudes de vie prévienne le développement de la maladie, elle démontre qu’elle peut prévenir ou du moins retarder la démence qui y est associée. En d’autres mots, l’adoption de saines habitudes de vie peut avoir un impact réel sur la santé cognitive d’une personne.
Agir maintenant
Les facteurs de risque étant connus, il suffit d’agir. Mais le changement d’habitudes de vie n’est pas simple et facile. Cela dit, la pratique d’une activité physique régulière apparaît comme une voie à privilégier. Cela procure un effet direct et indirect à la fois, puisque l’exercice est reconnu comme un moyen efficace de réduire l’hypertension, l’obésité, la dépression et le diabète, quatre autres facteurs de risque liés à la démence. En plus, si elle est pratiquée en groupe, elle contribue à enrichir le réseau social. Avec une seule habitude de vie, soit l’activité physique, on agit sur plusieurs facteurs de risque!
Qu’attendez-vous pour commencer? Suivez les recommandations de la Société canadienne de physiologie de l’exercice et pratiquez 150 minutes/semaine d’exercices aérobie à une intensité modérée ou élevée, c’est un excellent départ et vous en tirerez assurément des bienfaits.
Références:
Livingston, G., A. Sommerlad, V. Orgeta, S. G. Costafreda, J. Huntley, D. Ames, C. Ballard, S. Banerjee, A. Burns, J. Cohen-Mansfield, C. Cooper, N. Fox, L. N. Gitlin, R. Howard, H. C. Kales, E. B. Larson, K. Ritchie, K. Rockwood, E. L. Sampson, Q. Samus, L. S. Schneider, G. Selbæk, L. Teri and N. Mukadam (2017). « Dementia prevention, intervention, and care. » The Lancet 390(10113): 2673-2734.
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