Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson présentent-elles un risque accru d’être contaminées?

Non, le fait d’être atteint de la maladie de Parkinson n’augmente pas le risque d’être infecté par la COVID-19. C’est le contact direct avec une personne infectée par ce coronavirus qui met à risque. En effet, la majorité des cas de COVID-19 sont attribuables à une transmission de personne à personne,  lorsque les petites gouttelettes respiratoires de la personne infectée pénètrent dans le système respiratoire de la personne non infectée. Ces gouttelettes peuvent aussi pénétrer par la voie oculaire. La projection des gouttelettes respiratoires peut atteindre deux mètres.

Il existe d’autres modes de transmission beaucoup moins répandues, mais posant tout de même un risque. D’abord la voie aérienne, c’est-à-dire la projection de gouttelettes qui peuvent demeurer en suspens dans l’air et voyager sur de plus grandes distances. C’est pour cela que les contacts intérieurs, surtout si la ventilation est défaillante, sont plus risqués.  La transmission par le biais de vecteurs passifs tel qu’une surface sur laquelle le virus pourrait survivre quelques heures à quelques jours est aussi possible. (Center for Disease Contraol and Prevention 2020)

Les gestes barrières, tels que la distanciation, le port du masque et le lavage de mains, sont importants à respecter pour limiter les risques de contamination.

Est-ce que la maladie de Parkinson augmente le risque de développer une forme sévère de la COVID-19?

La réponse n’est pas si claire. Peu d’études sont aujourd’hui disponibles sur le sujet, le début de la pandémie étant encore récent. Pour l’instant, les recherches démontrent que le plus important facteur de risque de développer une forme sévère est l’âge. D’ailleurs, selon une revue de littérature (Zheng, Peng et al. 2020), les hommes de plus de 65 ans qui fument et les personnes qui ont plusieurs problèmes de santé, c’est-à-dire des comorbidités, tels que de l’hypertension, du diabète, une maladie cardiovasculaire et/ou des problèmes respiratoires sont les groupes avec le plus haut taux de forme sévère et de mortalité liée à la COVID-19.

Ce serait donc l’âge généralement élevé des personnes atteintes de la maladie de Parkinson et la présence fréquente de comorbidités qui rendraient cette population plus vulnérable en cas d’infection à la COVID-19, et non la maladie de Parkinson elle-même.(Papa, Brundin et al. 2020) Une étude de cas conduite auprès d’une dizaine de personnes vivant avec la maladie de Parkinson a démontré qu’au sein de cette population, le taux de mortalité est plus élevé chez les plus âgées, celles qui vivent avec la maladie depuis le plus longtemps et celles qui ont des thérapies avancées (Antonini, Leta et al. 2020). Une autre étude conduite sur un plus grand échantillon a démontré que le fait de vivre avec la maladie de Parkinson augmentait les probabilités de décès, peu importe l’âge et le sexe, mais celle-ci n’a pas tenu compte des comorbidités. (Zhang, Schultz et al. 2020) Il y a donc trop peu d’études publiées à ce jour pour tirer des conclusions, d’autres études viendront sans doute préciser ces informations.

Observe-t-on une aggravation des symptômes de la maladie de Parkinson chez une personne ayant contracté la COVID-19?

Peut-être, mais là encore, peu d’études ont été faites sur le sujet. Pour l’instant, il ne semble pas y avoir de lien entre l’exacerbation des symptômes de la maladie de Parkinson et la présence de la COVID-19. Cependant, bon nombre de personnes vivant avec ce trouble neurologique infectées par ce coronavirus rapportent une détérioration de leurs symptômes moteurs et non-moteurs. (Sulzer, Antonini et al. 2020) Il est donc encore trop tôt pour déterminer si la COVID-19 aggrave ou non les symptômes liés à la maladie de Parkinson.

Quelles sont les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les personnes vivant avec la maladie de Parkinson?

Il y en a plusieurs! Les mesures sanitaires imposées, bien que nécessaire pour freiner la propagation du virus, ont des effets délétères non négligeables. L’interruption des activités habituelles et l’isolement peuvent affecter l’humeur, rendre plus dépressif et augmenter le niveau d’anxiété. De plus, la fermeture des centres communautaires, des centres de conditionnement et autres lieux d’activités mènent à un plus haut taux de sédentarité, avec les graves conséquences que cela peut avoir sur leur santé physique et mentale. Cela est d’autant plus vrai chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

Une étude récente indique que la pratique d’activités physiques chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson a considérablement changé depuis le début de la pandémie et que cela a eu des effets sur les symptômes rapportés. En effet, alors que la moitié des personnes ont réduit ou même cessé la pratique régulière d’exercices, le tiers rapportent une aggravation de leurs symptômes. Selon cette étude, la bradykinésie (lenteur du mouvement) et le sentiment de stress sont les symptôme moteur et non-moteur s’étant le plus détériorés. (Song, Ahn et al. 2020)

Comment réduire les impacts de la pandémie?

1. Maintenez vos rendez-vous habituels

Les accès aux soins peuvent être plus difficiles dans le contexte actuel de COVID-19, mais il est important de continuer à bénéficier de vos soins habituels. De nombreux spécialistes offrent des téléconsultations. Vos pharmaciens peuvent aussi être de bons conseillers aussi pour votre médication. N’hésitez pas à les consulter en cas d’interrogations.

2. Favorisez les activités qui vous font du bien

Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson sont plus sujettes à l’anxiété et le contexte pandémique peut augmenter le stress et ainsi certains symptômes de la maladie. Il est donc essentiel de réduire les activités qui sont anxiogènes et favoriser celles qui vous détendent. Que ce soit la peinture, la cuisine, le chant, la musique ou l’exercice, gardez votre corps et votre esprit occupés!

3. Faites de l’activité physique régulièrement

Il est important de continuer à pratiquer de l’activité physique régulièrement, car elle fait partie intégrante de la prise en charge de la maladie de Parkinson. Elle a un rôle essentiel dans la progression de la maladie, mais aide aussi dans la réduction du stress et de l’anxiété. Si vous ne pouvez pas sortir, vous pouvez profiter des offres en vidéoconférence.

4. Soyez créatifs pour maintenir vos contacts sociaux

La réduction des contacts sociaux a aussi un impact sur le stress et l’anxiété. Même si les contacts physiques doivent être limités, il est important de maintenir des liens avec ses proches.  Que ce soit par l’utilisation de technologies comme Skype, Zoom…, l’utilisation des réseaux sociaux ou l’utilisation de lignes d’écoute téléphonique, plusieurs solutions sont possibles.

 

Références:

Antonini, A., V. Leta, J. Teo and K. R. Chaudhuri (2020). « Outcome of Parkinson’s Disease Patients Affected by COVID-19. » Mov Disord 35(6): 905-908.

Center for Disease Contraol and Prevention. (2020). « How COVID-19 Spreads. »   Retrieved 7 décembre, 2020, from https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/prevent-getting-sick/how-covid-spreads.html.

Papa, S. M., P. Brundin, V. S. C. Fung, U. J. Kang, D. J. Burn, C. Colosimo, H. L. Chiang, R. N. Alcalay and C. Trenkwalder (2020). « Impact of the COVID-19 Pandemic on Parkinson’s Disease and Movement Disorders. » Mov Disord 35(5): 711-715.

Song, J., J. H. Ahn, I. Choi, J. K. Mun, J. W. Cho and J. Youn (2020). « The changes of exercise pattern and clinical symptoms in patients with Parkinson’s disease in the era of COVID-19 pandemic. » Parkinsonism Relat Disord 80: 148-151.

Sulzer, D., A. Antonini, V. Leta, A. Nordvig, R. J. Smeyne, J. E. Goldman, O. Al-Dalahmah, L. Zecca, A. Sette, L. Bubacco, O. Meucci, E. Moro, A. S. Harms, Y. Xu, S. Fahn and K. Ray Chaudhuri (2020). « COVID-19 and possible links with Parkinson’s disease and parkinsonism: from bench to bedside. » NPJ Parkinsons Dis 6: 18.

Zhang, Q., J. L. Schultz, G. M. Aldridge, J. E. Simmering and N. S. Narayanan (2020). « Coronavirus Disease 2019 Case Fatality and Parkinson’s Disease. » Mov Disord 35(11): 1914-1915.

Zheng, Z., F. Peng, B. Xu, J. Zhao, H. Liu, J. Peng, Q. Li, C. Jiang, Y. Zhou, S. Liu, C. Ye, P. Zhang, Y. Xing, H. Guo and W. Tang (2020). « Risk factors of critical & mortal COVID-19 cases: A systematic literature review and meta-analysis. » J Infect 81(2): e16-e25.

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