L’activité physique, votre meilleur pari
Si vous demandez à votre neurologue, quel est le meilleur moyen de ralentir la progression de la maladie de Parkinson, il vous répondra sûrement : l’exercice! Cela peut vous sembler paradoxal, car la maladie ne vient pas d’emblée avec l’envie de bouger, bien au contraire. En effet, la maladie de Parkinson est dite hypokinétique, c’est-à-dire qu’elle réduit les mouvements. Avec tous les symptômes qui y sont associés, notamment la lenteur des mouvements, les changements posturaux, la perte d’équilibre, l’apathie, les problèmes de sommeil et la fatigue, pour ne nommer que ceux-là, il faut toute une dose de courage et de motivation pour s’activer.
Mais le jeu en vaut la chandelle, car jusqu’à présent, l’activité physique pratiquée de façon régulière, sur le long terme, est le seul moyen qui semble agir sur la progression de la maladie. Oui, les médicaments réduisent les symptômes, une saine alimentation favorise la santé et une vie sociale active contribue au bien-être global, mais rien ne vaut les effets d’une activité aérobie sur le cerveau, l’organe même où se produisent les déficits qui induisent la maladie de Parkinson.
Un processus complexe, mais une équation simple
Bien qu’il existe plusieurs formes d’activité physique, on parle ici d’exercice aérobie. Oui, oui, celui qui fait battre le cœur plus rapidement, qui fait avoir chaud et transpirer! Comment l’exercice aérobie agit-il sur le cerveau? Il permettrait d’activer les facteurs neurotrophiques du cerveau, soit des protéines qui nourrissent les neurones, qui contribuent à leur croissance et leur développement. De plus, l’exercice faciliterait la neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau établir de nouvelles connexions entre les neurones. Bien que les mécanismes sous-jacents soient complexes et non complètement élucidés, leurs effets sont réels et observables. Pensez-y, la maladie de Parkinson mène au dysfonctionnement et à la mort de plusieurs cellules du cerveau alors que l’exercice fait l’action contraire! On appelle cela de la neuroprotection.
L’exercice aérobie aurait aussi des effets bénéfiques sur la cognition et réduirait les risques de démence. Concrètement, on observe chez les personnes qui ont une bonne santé cardiovasculaire et qui pratiquent l’activité physique depuis longtemps, un cerveau plus volumineux, particulièrement au niveau du cortex et de l’hippocampe, signe d’une meilleure santé cognitive. Par ailleurs, il a été démontré que l’activité physique réduit les risques de démence. Sachant qu’un déclin cognitif peut se manifester en cours de maladie et que la démence est l’un des symptômes les plus craints par les personnes atteintes de Parkinson, tous les efforts méritent d’être faits y remédier. L’équation est simple, plus le cerveau est en bonne santé, plus il est résilient lorsqu’il est confronté au vieillissement et à la maladie. Et pour le maintenir en santé, l’exercice a prouvé son efficacité! Pour en savoir plus sur les bienfait de l’activité sur les risques de démence, lisez : Agir pour prévenir la démence : les habitudes de vie qui peuvent faire la différence.
Un entraînement physique, ce n’est pas risqué quand on a une maladie?
La réponse est non, pour la grande majorité des gens. Ni l’âge ni la maladie de Parkinson ne devraient freiner votre envie de devenir plus actif physiquement. D’ailleurs, les autres conditions de santé comme le diabète, l’hypertension ou l’arthrose non plus. Au contraire, l’exercice agit directement sur les maladies existantes et prévient l’apparition de plusieurs autres. Évidemment, il faut s’y mettre de façon progressive pour éviter les blessures, choisir des exercices adaptés, mais tout le monde peut le faire!
Pour profiter des effets positifs rapidement, l’entraînement en haute intensité est tout indiqué. Certes, un tel entraînement exige un effort soutenu, mais le temps qu’on doit y consacrer est beaucoup moins grand et les bienfaits sont tellement nombreux qu’il peut s’avérer la formule est idéale pour bien des gens. Contrôle de la glycémie, réduction des lipides que l’on retrouve dans le sang, saine gestion du poids et dépense calorique plus élevée ne sont que quelques-uns des bienfaits directs de ce type d’entraînement. Et que dire du sentiment de satisfaction que l’on ressent après un tel effort!
La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que vous pouvez vous aussi en profiter. Une étude récente a démontré que l’entraînement en haute intensité est bel et bien sécuritaire pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Cela est aussi vrai pour d’autres populations (personnes âgées, avec déclin cognitif, avec obésité, post AVC, etc.). Il n’est pas nécessaire de parcourir la piste de 400 mètre au sprint pour le faire, un vélo, un tapis roulant, une échelle d’agilité ou quelques marches d’escalier peuvent suffire pour y arriver. L’exercice choisi dépend de votre condition, c’est pourquoi il est fortement recommandé d’être encadré par un kinésiologue pour entreprendre un tel entraînement.
Plus de bienfaits en moins de temps, une formule gagnante!
Références:
Ahlskog, J. E. (2018). « Aerobic Exercise: Evidence for a Direct Brain Effect to Slow Parkinson Disease Progression. » Mayo Clin Proc 93(3): 360-372.
Schenkman, M., C. G. Moore, W. M. Kohrt, D. A. Hall, A. Delitto, C. L. Comella, D. A. Josbeno, C. L. Christiansen, B. D. Berman, B. M. Kluger, E. L. Melanson, S. Jain, J. A. Robichaud, C. Poon and D. M. Corcos (2018). « Effect of High-Intensity Treadmill Exercise on Motor Symptoms in Patients With De Novo Parkinson Disease: A Phase 2 Randomized Clinical Trial. » JAMA Neurol 75(2): 219-226.
Commentaires