Si l’on vous proposait un médicament qui agit sur votre santé cardiovasculaire, votre tension artérielle, votre santé osseuse, qui prévient certains cancers et qui repoussent l’apparition ou diminuent des symptômes liés à des maladies tels que le Parkinson, l’Alzheimer et la fibromyalgie (pour ne nommer que celles-là), seriez-vous enclin à l’essayer? Et si en plus on vous disait que ce médicament a très peu d’effets secondaires sinon qu’il améliore votre humeur, favorise votre sommeil et vous donne de l’énergie, auriez-vous des hésitations à le prendre? Hé! Bien, ce médicament existe, il s’appelle l’exercice!

L’exercice et ses effets multiples

Faire de l’activité physique n’est pas seulement bon pour perdre du poids! En effet, plusieurs études démontrent que l’exercice peut prévenir ou ralentir la progression de certaines maladies, repousser l’apparition de symptômes et améliorer l’efficacité de certains médicaments. On observe un effet positif général sur la santé physique et mentale des personnes étant actives régulièrement. En ce sens, l’exercice devrait être vu non pas seulement comme un sport ou une activité quelconque, mais plutôt comme un médicament ayant une action très large. Par exemple, il a été démontré que faire de l’activité physique était aussi efficace que prendre des médicaments pour contrôler l’hypertension et ce, avec peu ou aucun effet secondaire indésirable. De plus, plusieurs études récentes ont démontré que faire de l’exercice permet de mieux contrôler les symptômes de la maladie de Parkinson, parfois même de les repousser. L’exercice agit comme un adjuvant au traitement pharmacologique, c’est-à-dire que l’action des médicaments est renforcée lorsque que couplée avec l’activité physique. Pour la maladie d’Alzheimer, de récentes études suggèrent que faire de l’activité physique peut repousser son apparition, mais aussi ralentir sa progression après qu’elle ait été diagnostiquée. Par ailleurs, l’inactivité physique est l’un des facteurs de risque de démence, un syndrome associé à cette maladie. Pour en savoir plus à ce sujet, consultez l’article Agir pour prévenir la démence : les habitudes de vie qui peuvent faire la différence. Chez les personnes atteintes de troubles de santé mentale, comme la dépression, il a été démontré qu’à moyen terme, faire de l’activité physique est aussi efficace que prendre des médicaments. À long terme, l’exercice régulier est un prédicteur d’un plus bas taux de dépression.

L’exercice comme médicament

L’efficacité de l’exercice dans l’amélioration de la santé est telle que certains chercheurs ont même suggéré que l’exercice soit considéré au même titre qu’un médicament par les médecins lors de la prise en charge de patients. Il existe d’ailleurs aux États-Unis, et depuis plus récemment au Canada, le mouvement Exercise is medicine, en français L’exercice : un médicament. Cette initiative a pour but d’amener les médecins à prescrire de l’activité physique, à favoriser la pratique d’une activité physique régulière au sein de la population, soit 150 minutes par semaine d’exercice aérobie d’intensité modérée à vigoureuse, et à encourager l’implication de professionnels de l’activité physique dans la prévention et le traitement des maladies chroniques [1]. Lorsque vient le temps d’agir sur plusieurs systèmes du corps humain afin d’améliorer la santé, de prévenir, de contrôler et de repousser l’apparition de nombreuses maladies, faire de l’exercice devrait être considéré comme étant aussi important que de prendre un médicament.

Il n’est toutefois pas si simple et facile pour tous d’intégrer l’exercice dans sa vie. Comme le rapportent certains auteurs [2], les opportunités, les goûts personnels, les attentes et les effets réels peuvent différer d’un individu à l’autre, d’où l’importance d’une intervention personnalisée. Néanmoins, chacun devrait pouvoir bénéficier des effets positifs de l’exercice sur la santé, car ce potentiel existe pour tous.

La pratique de l’activité physique, une responsabilité individuelle et collective

Il y a trois facteurs majeurs pouvant influencer la santé : les gènes, l’environnement et le comportement. Bien que de récentes études montrent que nous pourrons probablement bientôt modifier nos gènes afin de prévenir ou guérir certaines maladies, il s’avère plus réaliste, pour l’instant, de s’imaginer agir sur notre environnement et nos comportements pour favoriser notre santé. Au cours des dernières décennies, les gouvernements ont mis en place des mesures afin de minimiser les facteurs environnementaux pouvant être néfastes pour la santé. Par exemple, l’adoption de lois minimisant le rejet de substances toxique dans l’environnement par les entreprises ou le développement de programmes de vaccination pour enfants ont permis d’améliorer la santé de la population. Cependant, il reste beaucoup plus de travail à faire afin d’amener les gens à adopter des comportements sains afin de d’améliorer leur santé. Bien que l’on tente, par divers programmes, de minimiser plusieurs comportements à risque comme le tabagisme, une mauvaise alimentation et la sédentarité, il reste encore un long chemin à faire pour y parvenir. Si l’activité physique est, depuis quelques années, reconnue comme un moyen efficace de prévenir des maladies et de maintenir la santé, encore trop peu de gens en profitent vraiment. Quelle est la solution pour remédier à cela, responsabiliser les gens individuellement ou mettre en place des mesures nationales? La réponse se trouve certainement dans un mixte des deux.

Mais sachez que ce « médicament » est accessible pour vous dès maintenant. C’est la pratique régulière d’une activité physique qui est le plus bénéfique pour la santé, alors commencez maintenant par des habitudes simples comme une marche quotidienne ou du tai chi dans votre salon. Et continuez, même lorsque la motivation n’y sera pas, parce que votre santé en vaut la peine. N’hésitez pas à faire appel à un kinésiologue pour vous aider à démarrer ou poursuivre votre démarche et vous assurer d’en tirer un maximum de bénéfices.

Références:

  1. Russell, E., Exercise is medicine. CMAJ : Canadian Medical Association Journal, 2013. 185(11): p. E526-E526.
  2. Williams, T.L., et al., Exercise is medicine? Most of the time for most; but not always for all. Qualitative Research in Sport, Exercise and Health, 2018. 10(4): p. 441-456.

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