Un AVC en annonce possiblement un autre

Le texte qui va suivre est un résumé de la présentation offerte par la professeure et physiothérapeute Marylin MacKay-Lyons lors du 10e sommet sur l’AVC du 30 octobre 2020. On dénombre annuellement au Canada 62 000 cas d’AVC en moyenne dont 16000 qui entraînent un décès. Parmi les survivants à un AVC, 25% font une récidive dans les deux années suivantes, avec de graves conséquences telles qu’une plus grande perte de capacités et un pronostic de récupération moins favorable. Pour réduire les risques, la professeure MacKay-Lyons propose une approche misant sur la prévention des récidives, aussi appelée la prévention secondaire. Les principaux facteurs de risque de récidive sont :

  • l’hypertension
  • le taux peu élevé de cholestérol HDL
  • le diabète type 2
  • le tabagisme
  • la survenue d’un accident ischémique transitoire (AIT)

Il s’avère donc essentiel de réduire au maximum ces facteurs de risque pour minimiser les risques de faire un autre AVC. Il existe deux grandes familles d’intervention pour y parvenir, soit les traitements pharmacologiques et les interventions non-pharmacologiques. Dans cette deuxième catégorie, on retrouve les interventions visant le changement d’habitudes de vie comme l’abandon du tabagisme et la pratique d’activités physiques.

L’activité physique, un atout important

Les chercheurs ont démontré que les interventions basées sur l’exercice physique se montrent plus efficaces que les traitements pharmacologiques pour réduire la mortalité chez les personnes ayant subi un AVC [1]. Depuis plusieurs années, les études s’accumulent pour démontrer les bienfaits de l’exercice sur différents facteurs de la santé reliés à la prévention des risques de déclencher un AVC [2]. Par exemple, l’activité physique diminue la pression artérielle systolique de manière significative jusqu’à plusieurs heures après la fin de l’activité physique. L’activité physique a un aussi un impact positif sur la production d’HDL (le « bon » cholestérol) et joue par ailleurs un rôle dans la diminution de la glycémie à jeun. De plus, sa pratique régulière permet de diminuer, de façon importante et sécuritaire, l’indice de masse corporelle qui peut être relié à l’augmentation des risques de maladies cardiovasculaires.

Un des principaux défis pour une personne ayant subi un AVC réside dans sa motivation à modifier ses habitudes de vie et à concevoir l’importance de l’activité physique. Aussi, plusieurs stratégies sont proposées, en voici quelques-unes que les professionnels de la santé peuvent mettre en place en collaboration avec la personne concernée après un AVC :

  • évaluer les connaissances de la personne à l’égard de ses propres capacités et déterminer sa disposition au changement;
  • inciter la personne à établir des objectifs S.M.A.R.T.* et pertinents selon chaque type de tâche ou d’activité physique;
  • veiller à ce que la famille et les amis soient conscients de l’importance du soutien pour maintenir la motivation de la personne à adopter un nouveau comportement;
  • encourager la personne à participer à des séances d’exercice en groupe ou trouver un partenaire d’entraînement pour favoriser la socialisation ;
  • assurer une progression adéquate dans les exercices afin d’augmenter la confiance de la personne en ses capacités et maintenir les effets sur la santé;
  • maintenir la communication pour favoriser l’adhésion (appels téléphoniques, courriels, appels vidéo).

Quoi faire et quand le faire ?

Les exercices peuvent démarrer très tôt après un AVC, avec l’accord de l’équipe médicale. De façon générale, des exercices de mobilité précoce peuvent démarrer dans la semaine suivant l’AVC. Environ 1 à 3 mois après l’incident, les personnes sont appelées à faire des exercices de réadaptation supervisés. Entre le 3e et 6e mois post AVC, les exercices de groupe peuvent débuter. C’est le moment pour la personne de devenir plus autonome dans sa pratique et de faire appel aux ressources disponibles dans la communauté. Par la suite, il est recommandé de demeurer physiquement actif et de suivre les directives en matière de pratique d’activité proposées par l’Organisation mondiale de la santé et la Société canadienne de physiologie de l’exercice.

Des exercices de type aérobie, comme la marche, le vélo, la natation ou tout autre activité qui augmente la fréquence cardiaque, doivent s’intégrer dans le programme global de réadaptation post AVC. Les exercices d’aérobie et d’endurance améliorent la condition physique du cœur et des poumons, réduisent la fatigue et procurent l’énergie nécessaire afin de rester actif toute la journée. Ils font partie d’un programme global d’exercices qui doit aussi comprendre, sans s’y limiter, du renforcement musculaire, des mouvements mettant l’accent sur les tâches de la vie quotidienne et des exercices d’équilibre. Ceux-ci facilitent les tâches du quotidien comme monter les escaliers, se lever d’une chaise et faire les courses tout en réduisant les risques de chutes, à la maison.

Bien que les interventions non pharmacologiques comme l’activité physique ne préviennent pas complètement la récidive, les données scientifiques indiquent qu’elles contribuent à réduire les facteurs de risque. Combiné à un traitement pharmacologique efficace et à de saines habitudes vie qui incluent une alimentation équilibrée, la gestion du stress et l’abandon du tabagisme, l’activité physique est à prescrire comme approche de prévention secondaire. Pour en savoir plus sur la prévention et les habitudes de vie, consultez le site de Cœur+AVC : https://www.coeuretavc.ca/vivez-sainement

Références:

  1. Naci, H. and J.P.A. Ioannidis, Comparative effectiveness of exercise and drug interventions on mortality outcomes: metaepidemiological study. BMJ : British Medical Journal, 2013. 347: p. f5577.
  2. Lawrence, M., et al., Multimodal secondary prevention behavioral interventions for TIA and stroke: a systematic review and meta-analysis. PLoS One, 2015. 10(3): p. e0120902.

* S.M.A.R.T. : Spécifique, mesurable, atteignable, réaliste, temporel

Commentaires





Add a comment